Guide de l’église St Jean l’évangéliste d’Ouveillan

Ce guide comporte un fichier audio, à chaque chapitre. Mais si vous préférez lire le texte est sous le lecteur audio.

Bienvenue chers visiteurs à vous qui posez le regard, pour la première fois peut-être, sur l’église Saint-Jean-l’évangiliste, notre église, celle d’Ouveillan. Un village niché au cœur de son terroir entre le Mont Carrétou et le Massif Central.

Un village qui est pourvu d’un édifice religieux dès le IXème siècle comme le mentionne la donation d’une pièce de vigne. Il ne s’agit alors que d’une modeste chapelle carolingienne dont les fondations se situent sous l’église actuelle. Cette chapelle au cours du Xème siècle connaît un enrichissement notable. Elle est alors sous la dépendance de la noblesse vicomtale de Narbonne. À l’époque, l’archevêque était nommé par le vicomte de Narbonne. Ce dernier avait donc tout intérêt à élire un membre de sa famille afin de conserver les richesses et le patrimoine

À la fin du XIème siècle, l’Église décide de se défaire de la tutelle vicomtale. Ainsi, les conciles de Rome déposent l’archevêque Guifred de Cerdagne en 1079. En 1080, l’archevêque Pierre Bérenger de Narbonne est excommunié. Puis, l’archevêque Dalmace est chargé de mettre en place la réforme grégorienne en 1086. Il rattache l’église d’Ouveillan au Chapitre Saint-Just de Narbonne et la dote d’une communauté de chanoines, les Sept Chanoines d’Ouveillan. Une communauté qui sera présente jusqu’en 1386 selon les sources.

Plan de l’église, à parcourir dans l’ordre pour bénéficier des commentaires écrits et audio.

Connaissez-vous vraiment Saint Jean l’évangéliste ?

 

Dans le Nouveau Testament, Jean apparaît à différentes scènes. Notamment celles de la Pêche miraculeuse au lac de Génésareth et à la Transfiguration au Mont Thabor. Il est également présent lors de la Cène et avec Marie au pied de la Croix.

Au cours de sa vie, il a subi le supplice de l’huile bouillante dont il est ressorti sans blessures. Il rédige l’Apocalypse en exil à Patmos puis son Évangile de retour à Éphèse. Il est contraint à boire une boisson empoisonnée par du venin de serpents, là encore, il en sort indemne et prie pour la destruction du temple de Diane. Enfin, il aurait été élevé au Ciel en une Assomption.

Jean est le saint patron des libraires, souvent représenté devant un pupitre orné d’ailes d’aigles déployées sur lequel il compose l’Évangile de l’Apocalypse. D’autres attributs lui sont connus tels que la cuve d’huile bouillante ou le serpent/dragon associé au breuvage empoisonné.

Saint-Jean l’évangéliste est célébré le 27 décembre, à ne pas confondre avec la Saint-Jean qui fête Saint-Jean le Baptiste.

1. Le Trésor de l’église

Lors de récents travaux, une tribune disgracieuse est ôtée, laissant apparaître une niche voûtée. Cette niche, dont l’utilité nous est inconnue, est un vestige de la première chapelle carolingienne. Celle-ci va voir son patrimoine s’accroître considérablement. Si bien, qu’un nouvel édifice plus grand et majestueux est érigé au XIème siècle.

La niche d’origine expose aujourd’hui une Croix de procession et un écrit. La Croix de procession datant du XIVème siècle est composée de cristal de roche et de verre ce qui explique la différence de pigmentation. Cette Croix était à l’origine une Croix en pied qui a été transformée à sa base pour recevoir un manche et être utilisée comme Croix de procession.

L’écrit présenté, ouvert sur un pupitre, est Le Recueil de la Cure d’Ouveillan. Un ouvrage dans lequel les curés d’Ouveillan qui se sont succédés ont écrit sur la vie religieuse à Ouveillan et tous les domaines en lien avec la cure. L’écrit fourmille d’informations économiques, sociales et religieuses, une source parfois difficile à étudier puisqu’elle est manuscrite. L’écrit s’achève au milieu du récit du Recteur Amadou qui a occupé la Cure d’Ouveillan au XVIIIème siècle.

2. Le retable à balustres

Toujours dans le prolongement de la façade Ouest, se trouve accolé un retable en pierre datant du XVlème siècle. Ce retable est richement décoré de trois balustres qui recevaient des statues en pied, actuellement disparues. Les différents registres hébergent des scènes du Nouveau Testament, chaque scène étant séparée par un élément d’architecture. Le retable est surmonté par un fronton à deux pentes également sculptées. En regardant de près, il est possible de distinguer des traces de polychromie.

Les sculptures du retable ont été détériorées par plusieurs suites d’événements. L’œuvre du temps d’abord, mais aussi la Révolution qui explique les têtes endommagées. Lors des offices, les enfants venaient s’amuser avec le bas-relief du registre inférieur, c’est d’ailleurs le plus dégradé.

L’emplacement du registre est atypique, il se situe dans la chapelle de Notre Dame des Sept Douleurs. Il dépasse même des délimitations de la chapelle. En effet, le retable est une pièce rapportée ultérieurement dans l’église lorsque la chapelle des Pénitents Blancs fut détruite. Elle se tenait place des Pénitents Blancs à côté de la Mairie, Monsieur de Saïsset a fait apporter le retable à l’église Saint Jean l’évangéliste en 1912. À l’origine, le retable appartenait à la chapelle des Vals, un édifice religieux de Ginestas. Ce retable a donc beaucoup voyagé malgré sa taille imposante. 

3. La chapelle Saint Joseph

Dans la chapelle saint Joseph se trouvait l’ancienne porte des morts, un passage qui permettait de faire sortir le cercueil et de le conduire au cimetière. À l’extérieur de l’édifice, l’emplacement de la porte est toujours visible. Le premier cimetière d’Ouveillan s’établissait autour de l’église. Lorsqu’il est devenu trop petit, la porte des morts de la façade Nord a été condamnée au profit d’une nouvelle percée juste en face dans la façade Sud. L’accès au nouveau cimetière se faisait par l’intermédiaire d’un pont qui reliait la porte des morts et le niveau de la rue plus bas. La superficie plus grande de ce cimetière que l’on appelle aujourd’hui « l’ancien cimetière » s’étalait jusqu’au Calvaire, visible depuis le parvis de l’église et qui implore « la providence pour qu’elle daigne nous préserver des maux qui, de temps à autre, viennent désoler la commune… ».

3. La  chaire à prêcher

Entre les chapelles saint Joseph et saint Pierre, se dresse la chaire où se prononçait les prêches. La chaire est ornée de plaques de marbre encadrées de bois doré. Elle est essentiellement composée de bois de noyer. L’accès à la chaire se fait par l’escalier attenant dont la rampe est en fer forgé. Il s’agit d’une donation du Recteur Amadou. À la suite de l’essor de la viticulture et de l’enrichissement qui en a découlé, il a réalisé plusieurs travaux au sein de l’église, notamment le percement des baies au-dessus de la travée du chœur ainsi que l’ouverture de l’escalier qui donne un accès direct à la sacristie sur la rue des Capitouls.

4. Le Christ Contemporain

Le Christ contemporain exposé en vitrine est une œuvre du sculpteur René lché. Il s’agit d’une donation faite par la famille de l’artiste à sa mort. Le Christ est représenté crucifié sur la Croix qui est ici suggérée au spectateur. À l’origine, le Christ ornait Ie tombeau où repose Raoul lché et Lucien Maillet, son grand père. À la suite de la disparition du Christ, une nouvelle donation est faite par la famille à la commune. Il s’agit d’une épreuve originale en bronze mise en sécurité dans l’église. René lché a également réalisé le Monument aux Morts d’Ouveillan avec un parti pris notable, celui de réaliser un monument pacifiste, sans homme armé. Le Monument aux Morts a été déplacé au niveau du rond-point de la Poste entre l’Avenue de Narbonne et l’Avenue de Saint Chinian. René lché a aussi redessiné le blason d’Ouveillan. Il est décédé en 1954 à Paris où a eu lieu ses funérailles officielles. Il sera ensuite inhumé à Ouveillan dans un tombeau du Vieux Cimetière.

5. Le tombeau dans la muraille

Au cours des restauration de l’église, le tableau de Saint Joseph et l’enfant Jésus a été décroché et derrière son emplacement se trouvait ce mystérieux tombeau abrité par une voûte en pierres de taille. La cuve et le couvercle du sarcophage sont des monolithes. L’intérieur du tombeau renferme plusieurs ossements non identifiés dont ceux d’un squelette d’homme incomplet et d’un crâne d’enfant. Il a été décidé de conserver le tombeau dans son décor du XIX. Le tableau Saint Joseph et l’enfant Jésus a été déplacé sur la façade ouest et son support soigneusement retiré. Le Recteur Amadou a rédigé des faits rapportés par l’abbé DeNègre selon lesquels l’homme couché dans la muraille était considéré par la communauté d’Ouveillan comme un saint. Les recherches menées ont permis d’établir l’époque concernée et de supposer que l’homme considéré comme un saint aurait pu être Monsieur Alquié qui a occupé la Cure à l’église d’Ouveillan. Le mystère reste complet !

6. Le Chœur de l’église 

Le chœur est richement orné de son retable datant du XVllème siècle où se dresse plusieurs colonnes de marbre de Caunes. Le maître autel, quant à lui, est plus récent il date du XVlllème siècle. Au-dessus, une imposante voûte en cul de four domine. Elle est décorée par des caissons, un style et une technique notables. Les caissons sont remplis par des motifs floraux, l’ensemble symbolisant un calendrier.

La travée de chœur présente une particularité dans ses fondations. En effet, la travée est en repentir, c’est à dire que les angles de la travée ne forment pas un carré mais un quadrilatère aux angles obtus. Cette technique est utilisée en architecture lorsque le site présente des contraintes. L’objectif et l’intérêt d’utiliser le repentir est de donner de l’ampleur à l’édifice. Le repentir emploie un effet d’optique qui le rend invisible à l’entrée de l’église. L’effet d’optique est cependant visible si vous tournez le dos au maître autel et que vous regardez en direction de la porte. Vous remarquerez alors que l’embrasure de la porte n’est pas centrée par rapport à la façade ouest.

7. La Nef centrale

La nef centrale est en continuité avec le repentir de la travée du chœur. L’élévation était de style provençal sans galerie ni fenêtre. Elle garde traces d’un événement tout particulier pour la communauté d’Ouveillan. Au XVlème siècle, l’abbé De Nègre entreprend des travaux dans l’église. Son souhait est de percer la partie supérieure des murs de la nef centrale afin d’ouvrir des oculi. Cela dans l’objectif de faire entrer plus de lumière dans l’édifice. Des artisans locaux entament les travaux et la voûte centrale s’effondre ! Le toit entraîne les collatéraux et détruit les piliers dissymétriques qui bordaient la nef centrale. Seul le chœur, les deux absidioles et deux piliers dissymétriques restent intacts. L’abbé De Nègre doit presque tout rebâtir à ses frais. Il opte pour une unique toiture en accent circonflexe et de part et d’autre de la nef sont érigées des chapelles en remplacement des collatéraux. Les pierres de la chapelle implantée au domaine des Toutous ont servi en partie à rebâtir l’église. Certaines de ces pierres sont sculptées d’entrelacs carolingiens et sont visibles de l’extérieur aux façades nord et ouest.

8. La chapelle des Fonds-Baptismaux

La chapelle des Fonds-Baptismaux présente un retable en bois sculpté datant du XVlllème siècle. Le tableau du retable a été peint en 1756 par Noyer à Béziers, il s’agit du Baptême du Christ. La cuve baptismale est composée de marbres polychromes divers et de pierre, elle est fermée par un couvercle aux volets de bois.

La chapelle est éclairée par un lustre classé au Titre Objet en 1969 puis aux Monuments Historiques en 1992. Le lustre est une œuvre sculptée de l’Empire du début du XIXème siècle en bois doré. Il se scinde en deux étages possédants chacun six lumières.

La superficie de cette chapelle est plus restreinte que les autres chapelles latérales puisque derrière se situe l’accès au clocher. Selon les écrits du Recteur Amadou, en 1565, la flèche qui domine le clocher a été frappée par la foudre. L’instabilité du bâtiment a nécessité des travaux afin de le rebâtir entièrement.

L’élévation présente trois niveaux séparés par un cordon de pierre. Aux quatre angles du clocher siègent des gargouilles érodées. Le dernier niveau possède une baie campanaire à abat­ sons et dans lequel deux cloches en bronze sont conservées in situ. Les inscriptions latines encerclant chaque cloche ont permis d’établir une datation précise : l’une date de 1647 et l’autre de 1663.

Lecture du retable

Le retable retrace la vie du Christ, en 27 étapes sculptées, il se lit dans l’ordre indiqué ci-dessous sur la photo :

1 Mariage de Joachim et Anne, parents de Marie. Prêtre du Temple de Jérusalem au centre (proto- évangile de Jacques}.

[Moins probable : Joseph et Marie]

2 – Annonciation de l’ange Gabriel à Marie de Nazareth : Elle concevra le Sauveur, Fils de Dieu, par l’Esprit – Saint (rayon divin descendant sur elle).

3 –  Visitation de Marie enceinte, à sa parente Élisabeth, épouse du prêtre Zacharie, âgée, enceinte de Jean (le Baptiste) sur les monts de Judée

4 – Nativité du Christ, dans une étable à Bethléem, ville du roi David, lors du recensement de l’Empire Romain sous César Auguste

5 – Un ange demande en songe à Joseph de prendre l’Enfant Jésus et Marie et de fuir immédiatement en Egypte, car Hérode veut tuer l’Enfant.

6 – Mages d’Orient venus adorer Jésus, roi des Juifs et astre brillant, prophétisé du temps de Moïse par Balaam, mage de Mésopotamie

 

7 – Les saints innocents : Mise à mort des bébés de Bethléhem sur ordre du roi Hérode (les Mages étant repartis en secret)

8 –  Circoncision du Christ, huitième jour après sa naissance, qui marque notre 1er de l’an – la circoncision équivalant à la nouvelle création.

9 – Joseph et Marie montent à Jérusalem le 4oe jour, pour le rite de rachat du bébé mâle et de purification de la mère.

10 – Présentation de Jésus au Temple par Joseph et Marie en présence du vieillard prophète Siméon.

11 – Temple de Jérusalem, fête de la Pâque juive : Jésus à 12 ans questionne les Docteurs de la Loi de Moïse et donne ses avis.

12 – Baptême du Christ au Jourdain, par Jean le Baptiste

13 – Jésus et sa mère aux noces de Cana. Marie suscite le premier miracle du Christ :  « Faites tout ce qu’il vous dira. »

14 – Jésus s’adresse à la femme Samaritaine.

15 – Jésus ayant tressé un fouet, renverse les tables des changeurs, vendeurs et autres trafiquants profiteurs.  

16– Jésus entre dans Jérusalem monté sur un ânon, selon la prophétie de Zacharie (Za 9,9), aux cris de joie des pauvres et des enfants

17 – Jésus lave les pieds à ses disciples ,  ici à l’Apôtre Pierre, qui refuse au début. « Je vous ai donné un exemple », leur dit Jésus.

18 – La Cène : lors du repas nocturne de la Pâque juive, où l’on mangeait l’agneau, Jésus institue la Sainte Communion à son Corps et son Sang, par le pain et le vin.

19 – Arrestation du Christ au jardin du Gethsémani. Jésus interpelle Pierre, qui a coupé d’un coup d’épée l’oreille d’un garde, et il guérit ce dernier.

20 – Jésus, mains liés et yeux bandés reçois des coups de poings au visage qu’il ne voit pas venir. Crachats, sarcasmes, coups sur la tête, barbe arrachée, gifles.

21 – Les chefs religieux demandent la mise à mort de Jésus. Ponce Pilate le fait flageller pour les apaiser.

22 – Flagellation : Jésus écorché vif par le fouet.

Symbolique de l’agneau de la Pâque.

Supplice d’une effroyable barbarie.

23 – Couronnement d’épines : Jésus est coiffé au bâton d’une couronne d’épines.

Torture cruelle et humiliation publique.

24 – Ecce homo: “Voici l’homme” dit Ponce Pilate à une foule qui continue de réclamer à cris l’exécution de Jésus.

25 – Au prétoire, sur la Place du Pavé, Ponce Pilate se lave les mains et livre Jésus pour être crucifié.

26 – Jésus est chargé de la croix et emmené vers le Mont Golgotha, lieu de son supplice.

27 – Jésus descend en esprit dans le Hadès (séjour des morts) pour annoncer a’ Adam et Ève leur rédemption et les libérer.

Tous nos remerciements à Jacques Villegas qui a rassemblé toutes ses informations sur ce retable.

Une galerie de photos de l’intérieur de l’église