Quand le compostage se joue collectif, l’essai est transformé à Ouveillan
À Ouveillan, l’expérience du compostage collectif a deux ans de vie. Dans ce village, la réduction des déchets n’est pas une théorie mais une réalité à long terme. Bilan d’une pratique novatrice, vouée à se répandre dans l’ensemble du territoire.
Alors que le compostage domestique devra être adopté par tous à compter de janvier 2024, le Grand Narbonne poursuit son Plan de réduction des déchets. Avec justement, parmi ses actions phares, le développement du compostage. L’agglo met en effet à disposition des habitants des composteurs individuels ainsi que des composteurs collectifs installés dans les écoles et sur l’espace public (lire encadré). À Ouveillan, l’expérience dure depuis maintenant deux ans et elle fonctionne bien. Point d’étape avec Romain Beltran, professeur des écoles et référent du quartier de la Rouquignole.
À Ouveillan, un composteur partagé a été installé au printemps 2021. Comment est né ce projet ?
À l’époque, le Grand Narbonne avait déjà installé un premier composteur à Peyriac-sur-Mer et voulait réitérer l’expérience. La municipalité m’a contacté – en tant que professeur des écoles, je menais déjà des actions sur le recyclage avec mes élèves – pour savoir si je voulais être référent.
Où est situé ce composteur et comment fonctionne-t-il ?
Il est installé dans le quartier de la Rouquignole, au niveau du petit jardin de la rue de la Mayral. Un endroit stratégique car à la fois isolé mais où il y a du passage. Le composteur est composé d’un bac central où les gens viennent déposer leurs restes de nourriture. À droite, un autre bac est rempli de matières sèches. Il faut en verser une pelletée sur les déchets que l’on vient de mettre, afin d’éviter les odeurs et qu’il y ait trop de mouches et de moucherons.
Quel est votre rôle ?
Mon rôle est de vérifier qu’il n’y ait pas d’erreur de dépôt et de remuer régulièrement avec un râteau. Cette étape est essentielle pour que le compostage s’effectue correctement. Un autre référent, l’employé communal Jean Edo vient également ajouter de l’eau, notamment en période de fortes chaleurs, afin de maintenir l’humidité. Enfin, lorsque le bac est plein, je contacte les services du Grand Narbonne qui viennent le transvaser dans le bac de gauche. Le compost va ainsi mûrir, au repos, pendant 3 à 5 mois. Car, à ce stade, il y a encore de la fermentation, et il est beaucoup trop fertile pour être utilisé, il brûlerait les plantes.
Justement, pouvez-vous nous expliquer le processus du compostage, comme vous le faites auprès de vos élèves ?
Il s’agit d’une alternance de couches de déchets humides et de matières sèches qui, en se superposant, vont se décomposer ensemble. Les déchets vont être absorbés par les insectes qui remontent de la terre et les nombreux micro-organismes qui prolifèrent. Ils vont les recycler et faire de la terre très riche. Nous avons justement un composteur à l’école et nous sommes pas mal engagés sur cette thématique ; il est important de sensibiliser les enfants et de leur faire comprendre que c’est par eux que cela va passer.
“Une trentaine de familles l’utilisent“
Deux ans après l’installation de ce composteur partagé, quel bilan peut-on tirer ? Les gens se sont-ils approprié le lieu ?
Au tout début, tous les habitants du quartier ont été informés du fonctionnement par le biais d’une plaquette dans les boîtes aux lettres. Et à part quelques erreurs de tri, les Ouveillanais ont vraiment joué le jeu. En deux ans, il n’y a eu aucun vol ni dégradation et très peu d’incivilités.
On voit rarement les gens qui déposent mais le niveau monte. Ce mercredi, les employés du Grand Narbonne qui s’occupent des composteurs collectifs dans les villages, sont venus effectuer une visite. Le compost est presque prêt (dans 2 mois environ) et la quantité collectée montre qu’il y a de plus en plus de familles qui l’utilisent. On les estime à une trentaine au niveau du quartier. Une nouvelle implantation dans le village est à l’étude.
Et après ?
Le but est de partager le fruit de cette action en organisant par exemple un moment convivial avec les habitants où on redistribuerait le compost aux gens qui ont un jardin. On espère pouvoir le faire à l’automne. Ce sera aussi l’occasion de sensibiliser de nouvelles familles.
200 composteurs collectifs sur le territoire à l’horizon 2026
En 2023, quatre nouveaux composteurs collectifs ont été ou seront installés sur l’espace public, à Gruissan, Saint-Nazaire-d’Aude, Bizanet et Narbonne. L’abbaye de Fontfroide a elle aussi décidé de s’équiper, comme neuf écoles et crèches à Narbonne, Sainte-Valière, Bize-Minervois et Raissac-d’Aude.
Mais le Grand Narbonne, dans le cadre du Plan local de prévention des déchets ménagers et assimilés (PLPDMA), souhaite aller plus loin avec, à l’horizon 2026, 200 composteurs partagés installés dans les communes du territoire, et 3 000 foyers et 44 écoles équipés.
Objectif : 2 100 tonnes de déchets ménagers en moins.
Comment se procurer un composteur individuel ?
Pour vous procurer un composteur domestique : des permanences sont assurées tous les vendredis, de 9 h à 13 h, au centre technique à Narbonne, ou de 9 h à 12 h au centre technique à Ginestas ; tous les lundis, mercredis, vendredis, de 9 h à 11 h et de 14 h à 16 h, au centre technique à Sigean. N’oubliez pas de vous munir d’un justificatif de domicile. Le règlement de 10 € pour un composteur en plastique (300 litres) ou 30 € pour un composteur en bois (400 litres) se fait par chèque à l’ordre du Trésor Public.
Jennifer Pasero